L'envenimation par le venin de crapaud

L’envenimation par le venin du crapaud

Malgré leurs airs inoffensifs, les crapauds peuvent être dangereux pour un animal insouciant. De nature curieuse et joueuse, le chien est la première victime d’intoxication par le venin de crapaud (on parle d’envenimation). Une évolution fatale n’est pas rare. Découvrez tout ce qu’il faut connaître de cette intoxication encore peu connue…

 

Quelle est la toxicité du venin de crapaud ?

Les crapauds possèdent, à la surface de leur peau, des glandes granuleuses où est produit un venin. Les glandes les plus importantes et les plus chargées en venin sont situées en arrière de la tête du crapaud (glandes parotoïdes). Elles représentent un mécanisme de défense passive de l’animal. En effet, lorsque le corps du crapaud subit une pression excessive – lorsqu’un chien qui mord le crapaud par exemple, les glandes libèrent spontanément leur venin.

Le venin comporte un cocktail de molécules toxiques qui ont des effets sur le cœur, les vaisseaux sanguins, le système nerveux du chien, ou encore des effets hallucinogènes, mais aussi des propriétés très irritantes pour les muqueuses.

Les cas d’intoxication sont observés principalement chez le chien et très rarement chez le chat qui n’a pas tendance à prendre le crapaud dans sa gueule, contrairement au chien. En effet, le chien prend le crapaud pour une proie ou un jouet, l’attrape avec sa gueule et est immédiatement exposé au venin libéré, qui est rapidement absorbé par les muqueuses buccales et digestives du chien.

Les intoxications ont lieu du printemps au début de l’automne avec un pic en été (juillet-août).

Bon à savoir : toucher un crapaud n’est pas dangereux pour l’Homme car le venin ne traverse pas la peau, il est cependant conseillé de bien se laver les mains après !

 

Quels sont les symptômes d’une intoxication par le venin de crapaud ?

Les premiers signes cliniques apparaissent dès que le chien prend le crapaud dans sa gueule puisque la libération du venin est immédiate. Le chien présente une hypersalivation (salivation très importante) qui dure au moins 12 heures et qui est due à une inflammation sévère de la gueule et du pharynx. Une anorexie est notée pendant 48 heures. Si l’intoxication est minime, seuls ces signes sont présents et tout rentre dans l’ordre.

A retenir : si votre chien (ou votre chat) présente une salivation excessive sans vomissement et qu’il sort en extérieur, notamment si la saison s’y prête, il faut penser à une intoxication au crapaud !

Dans les cas les plus sévères (avec une atteinte générale du chien), des troubles digestifs (vomissements, diarrhée, douleurs abdominales) peuvent apparaitre 24 heures après l’intoxication puis d’autres symptômes peuvent être présents : hyperthermie, abattement, difficultés respiratoires, démarche anormale, tremblements, convulsions… Des signes cardiaques sont détectés à l’auscultation. Parfois le venin éjecté peut être en contact avec l’œil du chien et provoque une kératoconjonctivite sévère.

Le pronostic vital est alors réservé si le chien est jeune et/ou de petite taille. La mort peut être rapide (moins de 24 heures).

 

Quels sont les premiers soins d’urgence à réaliser ?

Il n’existe pas d’antidote, tout contact de la bouche d’un animal avec un crapaud nécessite une consultation vétérinaire en urgence.

Le premier geste est de rincer longuement la  bouche à l’eau, à l’aide d’une gourde, d’un jet d’eau… Si l’œil est atteint, il est conseillé de faire un rinçage avec du sérum physiologique tiède.

Le traitement mis en place en urgence par le vétérinaire est le suivant : rinçage de la bouche au bicarbonate de sodium (pour neutraliser l’acidité du venin), mise sous perfusion, injection de corticoïdes, pansement gastrique. Une surveillance cardiaque est essentielle et doit être mise en place avec une médicalisation adaptée.

L’évolution et le pronostic dépendent de la quantité de venin ingérée, de la rapidité de prise en charge médicale et de la taille de l’animal.

En résumé : l’envenimation au venin de crapaud est souvent méconnue. Toute hypersalivation inexpliquée et soudaine chez un animal qui sort en extérieur doit conduire à une consultation d’urgence.