Salive des chiens et des chats : risques et bactérie

Salive des chiens et des chats : quels risques ?

On a beaucoup entendu parlé récemment en 2018 de la bactérie présente dans la salive des chiens Capnocytophaga canimorsus. Cette bactérie est effectivement naturellement présente dans la gueule des chiens et des chats et elle peut être responsable de zoonose : c’est à dire qu’elle peut être transmise et engendrer une infection chez l’homme. Quels sont les risques liés à cette bactérie ? Comment se protéger ? La salive des chiens et des chats est elle dangereuse ?

 

Eté 2018 : un américain est hospitalisé et a dû être amputé des 4 membres suite à une infection par Capnocytophaga canimorsus. Il avait été simplement léché par un chien. L’amputation a été nécessaire car des lésions importantes de nécrose étaient apparues suite à une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) liée à un sepsis sévère, et ce afin d’éviter que l’infection ne se propage aux organes vitaux. Le sepsis sévère est un état grave de sepsis, une réaction inflammatoire engendrée par une infection avec des signes cliniques tels que fièvre, augmentation de la fréquence cardiaque et/ou respiratoire, hypotension, altération de l’état mental et dysfonction de divers organes.

En février puis en septembre 2017, 2 cas de décès en France avaient été rapportés suite à la morsure par un chien.

En avril 2018, en Charente-Maritime, un français était décédé suite à un choc septique causé par cette même bactérie Capnocytophaga canimorsus, l’homme vivait avec un chien mais aucun historique de morsure n’est rapporté, il n’était pas non plus immunodéprimé.

A Modène en Italie, un autre cas de décès a été rapporté en août 2018 : la patiente a succombé à un choc septique (avec purpura fulminant) deux jours après avoir été mordue par un chien. Elle avait été amenée à l’hôpital pour fièvre, confusion et douleur abdominale. Elle a rapidement après son arrivée présenté une cyanose, une hypotension importante, une défaillance rénale. Elle est décédée d’un arrêt cardiaque (défaillance multi-organique).

 

Capnocytophaga canimorsus est une bactérie dite commensale, c’est à dire naturellement présente dans la salive des chiens et des chats.

On le sait bien, la gueule (comme la bouche chez l’homme) est un milieu chargé en bactéries. Pourquoi craint on donc plus la salive du chien que celle de l’homme ? Tout simplement car le chien utilise beaucoup plus sa langue pour explorer son environnement, communiquer, nous montrer son affection, par rapport à un humain…

Les bactéries de la salive peuvent être dangereuses si elles passent dans le sang (on parle de septicémie). Ce passage dans le sang peut se faire par morsure, griffure (après que les griffes aient été léchées lors du toilettage du chat par exemple), ou bien par léchage d’une plaie ou contact avec une zone du corps plus fragile (oeil par exemple ou muqueuses).

La dangerosité d’une bactérie dépend de son pouvoir pathogène et de l’endroit où elle se trouve : dans son milieu (la gueule) Capnocytophaga canimorsus n’est pas dangereuse, mais si elle passe dans le sang, elle est très dangereuse.

Des facteurs favorisants à une infection grave ont été mis en évidence et notamment une immunodépression (c’est à dire que le système immunitaire n’est pas aussi efficace que chez un individu lambda pour combattre l’infection, par exemple lors d’immunodéficience acquise, de traitement immuno suppresseur, après une greffe d’organe, chez les personnes âgées, etc…), le tabagisme et l’alcoolisme.

 

L’infection humaine par Capnocytophaga canimorsus est rare (seulement 4 cas rapportés en France en 18 mois), mais elle est souvent grave, c’est pour cela qu’il est important que les professionnels de la santé et les propriétaires de chiens et de chats y soient sensibilisés.

Il est très important de retenir que même si une plaie de morsure de chien ou de chat ne semble pas infectée, toute survenue de fièvre dans les jours qui suivent doit absolument motiver une consultation chez le médecin et la mise en place d’un traitement antibiotique. L’évolution d’un choc septique causé par Capnocytophaga canimorsus pouvant être fatal dans 30 à 60% des cas.

D’une manière générale et afin de prévenir l’infection il faut éviter de se faire lécher par son chien sur une peau abimée ou fragile, il faut se laver après un léchage, et effectuer un lavage long et une désinfection après une morsure même petite ou après un contact entre la salive de l’animal et une peau abimée/lésée.

L’essentiel est vraiment de réagir immédiatement au moindre signe de fièvre, de douleur abdominale ou de faiblesse suite à un tel contact ou une morsure par un animal : consulter immédiatement votre médecin.