Soigner les plaies avec du miel

Soigner avec du miel

Et si on pouvait soigner les animaux avec du miel ? Mythe ou réalité ? Le miel a de nombreuses qualités reconnues comme aliment mais aussi comme soin : son action cicatrisante peut être très utile en médecine vétérinaire. L’apithérapie pourrait être une alternative naturelle à l’utilisation d’antibiotiques dans certains cas. La science parle…

L’apithérapie est définie comme le traitement préventif ou curatif de maladies humaines ou animales par les produits biologiques issus ou extraits du corps même de l’abeille, sécrétés par elle ou récoltés et transformés par elle.

De nombreux produits de la ruche peuvent être utilisés, le plus connu est le miel mais il en existe d’autres : pelotes de pollen riches en acides aminés essentiels et probiotiques pour le soutien nutritionnel, propolis pour ses propriétés anti-infectieuses, anti-inflammatoires, antimitotiques et anti-oxydantes, gelée royale, véritable booster hormonal et immunitaire, etc…

Le miel est un produit de la ruche qui contient de très nombreuses substances : sucres, eau, acides aminés, minéraux, acides, enzymes, vitamines, hormones, etc…

Le miel contient une enzyme qui provient de l’abeille : la glucose-oxydase, qui en présence d’oxygène, transforme le glucose en glucono-delta-lactone. De cette transformation se libère du peroxyde d’hydrogène (H2O2 aussi appelé eau oxygénée).

Le peroxyde d’hydrogène assure la conservation du miel et inhibe la croissance des micro-organismes, il a une propriété bactéricide directe.

Une autre enzyme la catalase transforme le peroxyde d’hydrogène en eau et en oxygène.

Le glucono-delta-lactone est ensuite transformé en présence d’eau en acide gluconique, ce qui diminue le pH du mélange de miel.

Le miel a une action antibactérienne et anti-inflammatoire

Des bactéries de plusieurs sortes (aérobies et anaérobies, Gram positif et Gram négatif) sont sensibles au miel.

Selon le type de miel, la concentration minimale de miel nécessaire pour inhiber totalement la croissance d’une bactérie varie beaucoup.

Le miel a également une action antimycosique contre certains champignons : Candida, certains souches d’Aspergillus, de Penicillium et certains dermatophytes.

L’effet hygroscopique du miel, c’est à dire le fait qu’il « retienne » l’eau, s’explique par la forte interaction entre le sucre et l’eau : il ne reste que très peu de molécules d’eau disponibles pour les micro-organismes, cela freine donc leur croissance.

L’application de miel sur une plaie diminue la rougeur, la formation d’oedème, l’exsudation et la douleur. Les signes d’inflammation sont donc atténués.

Les radicaux libres responsables de l’inflammation et des lésions tissulaires sont vraisemblablement neutralisés par les anti-oxydants du miel.

Le miel a une action cicatrisante

L’utilisation de miel sur les plaies accélère la cicatrisation et donc la guérison : le tissu de granulation est plus épais et la taille de la plaie diminue plus rapidement après un traitement par des pansements au miel que par des pommades sous pansements.

En plus de sa propriété bactéricide directe, le peroxyde d’hydrogène stimule l’angiogénèse (la formation des vaisseaux sanguins) et donc l’apport d’oxygène dans la plaie, ainsi que l’apport de cellules comme les fibroblastes qui vont permettre la reconstruction des tissus.

L’effet hygroscopique du miel a un double intérêt ici encore : en plus de limiter la croissance des micro-organismes, il entraine un appel de lymphe vers la plaie. Cela permet un nettoyage supplémentaire de la plaie.

Le miel, parce qu’il maintient la plaie en milieu humide, a une action débridante : il permet l’action des protéases (enzymes) et donc le détachement des croûtes, du pus et des tissus morts de la plaie.

Le milieu très sucré permet également aux bactéries de métaboliser des sucres plutôt que des protéines des tissus, ce qui entraîne la formation d’acide lactique plutôt que d’ammoniaque et de composés soufrés malodorants. On peut donc dire que le miel a une action désodorisante.

Attention toutefois :

– l’application de miel sur certaines plaies ne dispense pas d’un parage chirurgical

– l’application de miel sur une plaie peut entrainer une sensation de brulure (à cause du pH acide), une réaction allergique est également possible (bien que rare) ainsi qu’un dessèchement de la plaie (effet osmotique : absorption d’eau)…

Il existe aujourd’hui des préparations vétérinaires de miel thérapeutique, ce qui permet d’être certain d’appliquer un miel contrôlé : son origine, son traitement, sa pureté. Ainsi on évite tout risque de contamination de la plaie par des germes présents dans le miel (spores de Clostridia éventuellement).

Ces préparations (Honeyderm, Vetramil) contiennent également d’autres produits que du miel (huiles essentielles par exemple) qui apportent une action positive supplémentaire de cicatrisation.