epilepsie de l'oiseau

L’épilepsie chez les oiseaux

Les manifestations épileptiformes, telle que celles connues chez les chiens et chats, sont plutôt rares parmi les Nouveaux Animaux de Compagnie et notamment chez les oiseaux. Les cas d’épilepsie essentielle sont rarissimes mais les troubles infectieux ou les troubles métaboliques peuvent très fréquemment provoquer des crises majeures. Lorsque les différentes causes évoquées ont été exclues et que les examens d’imagerie médicale ne permettent pas de déceler de lésion, l’animal est considéré comme étant atteint d’épilepsie. Nous considérerons en priorité les oiseaux de compagnie.

Cet article a été rédigé par le DR Minh Huynh, spécialiste en médecine des Nacs pour le site www.mon-animal-epileptique.com, le site de référence pour les propriétaire d’un animal épileptique.

 

Lorsque les troubles infectieux ou les troubles métaboliques ont été exclues et que les examens d’imagerie médicale ne permettent pas de déceler de lésion, l’animal est considéré comme étant atteint d’épilepsie. Nous considérerons en priorité les oiseaux de compagnie, voici les principales origines des manifestations de convulsions.

Syndrome convulsif de l’oiseau

Le perroquet peut tomber épisodiquement de son perchoir ou avoir une crise réelle avec contraction rythmique des muscles, perte de conscience et vocalises. Le syndrome convulsif est généralement relié à un trouble d’origine central soumis à l’influence de son milieu métabolique (glucose, calcium, ions, toxiques) ou une anomalie structurale (effet de masse, tumeur, accident vasculaire cérébral) voire une inflammation (méningite).On parle alors d’épilepsie secondaire.

Lorsque toutes les causes sont écartées, on parle alors d’épilepsie primaire. L’épilepsie primaire est difficile à définir chez les oiseaux car des limites techniques et anatomiques sont imposées. Les oiseaux possèdent un large plexus veineux en regard de la cisterna magna, lieu conventionnel de prélèvement du liquide cérébrospinal chez les carnivores. De ce fait, les ponctions sont particulièrement risquées et déconseillées. D’autre part, la taille du crâne limite les explorations par imagerie à résonance magnétique dont la définition n’est pas optimale sur des crânes aussi petits. Elle a néanmoins été décrite et confirmée par des diagnostics post mortem chez les oiseaux.

Le diagnostic du vivant de l’animal repose avant tout sur une démarche d’éviction avec un bilan général de l’état de santé de l’individu.

 

Hypocalcémie

L’hypocalcémie (diminution de la concentration du calcium dans le sang) peut provoquer une modification du seuil d’excitation des neurones et des décharges électriques anormales. Elle est particulièrement rencontrée chez le perroquet gris du Gabon (Psittacus erithacus). Cette espèce se distingue par une hypocalcémie sans hyperparathyroïdisme associé. Une association avec des carences en magnésium a récemment été démontrée.

Elle affecte principalement les jeunes individus de 2 à 3 ans, nourris avec un régime en graines exclusif. Ces manifestations épileptiformes sont rarement récidivantes si une prise en charge adaptée est réalisée. Elle résulte le plus souvent d’un défaut d’apport nutritionnel en calcium et/ou vitamine D et d’un manque concomitant d’exposition aux ultraviolets.

Exemple : Le perroquet gris du Gabon peut tomber épisodiquement de son perchoir ou avoir une crise réelle avec contraction rythmique des muscles, perte de conscience et vocalises. Chez cette espèce, le syndrome convulsif résulte le plus souvent d’un défaut d’apport nutritionnel en calcium et/ou vitamine D et d’un manque concomitant d’exposition aux ultraviolets. Les jeunes individus de 2 à 3 ans, nourris avec un régime uniquement à base de graines, sont les plus affectés. Ces manifestations épileptiformes sont rarement récidivantes si une prise en charge adaptée est réalisée.

 

Hypoglycémie

Le glucose est l’unique source d’énergie des neurones et leurs capacités de stockage sont faibles. Le cerveau est donc particulièrement sensible à une diminution des apports de glucose par le sang lors d’hypoglycémie (diminution de la concentration de glucose dans le sang), ce qui peut provoquer des désordres électriques cérébraux. Les oiseaux ont une glycémie physiologique très élevée (entre 2 et 4g/L) comparée aux mammifères, ce qui correspond à une évolution de leur activité de vol, hautement consommatrice en énergie.

Un simple jeûne peut être responsable d’hypoglycémie chez les petits passereaux (canaris, diamants, etc…) ou n’importe quelle condition digestive. Des hypoglycémies par spoliation (parasitisme, tumeurs) peuvent également être observées.

 

Intoxication

De nombreux produits toxiques sont à l’origine de manifestations épileptiformes, généralement de type convulsif généralisé : métaux lourds (plomb, zinc, cuivre) organophosphorés et carbamates (insecticides), strychnine (raticide), crimidine (corvicide). Toutefois, l’expression clinique est la plupart du temps de type aigu ou suraigu, avec des crises convulsives très fréquentes ou continues (état épileptique) et les crises répétées sur un intervalle de temps long sont rares. Des intoxications chroniques chez les oiseaux sont toutefois possibles, par exemple avec le plomb (exposition chronique au plomb contenu dans des peintures, des jouets).

 

Infection virale

Les oiseaux de compagnie sont sujets à de très nombreuses affections virales telles que la Bornavirose, la paramyxovirose ou les herpesviroses. La bornavirose autrement appelée maladie de dilatation du proventricule est causée par un virus neurotrope qui induit une réaction immunitaire et une infiltration lymphoplasmocytaire des ganglions nerveux. Des lésions de méningite sont observées. C’est l’une des premières causes de convulsion chez le perroquet en dehors des causes métaboliques. La paramyxovirose regroupe un ensemble de souche virale dont la maladie de Newcastle qui est une zoonose. La présentation la plus fréquente est une tête penchée ou un torticolis. L’herpesvirose peut également provoquer ces symptômes. D’autres virus tel que le West Nile provoquent des méningites mais ne sont pas décrits à ce jour en France.

 

Origine parasitaire

Les encéphalites parasitaires sont rarissimes en Europe, seule la toxoplasmose chez les petits passereaux peut provoquer des symptômes neurologiques marqués chez les canaris notamment. La trichomonose cérébrale a été décrite chez le pigeon.

 

Infection bactérienne

Les encéphalites bactériennes sont fréquentes en cas de septicémie avancée. Les oiseaux ont un système immunitaire dénué de ganglions lymphatiques qui sont des barrages naturels chez les mammifères. De ce fait, lorsqu’une infection dépasse les capacités immunitaires de l’hôte, une dissémination hématogène rapide est observée, ce qui peut occasionner des encéphalites. Les agents les plus connus sont Staphylocoques, pasteurella mais aussi Chlamydia psittaci.

 

Infection fongique

Les atteintes neurologiques fongiques peuvent être liées à deux processus. La croissance des hyphes et la présence d’un granulome dans le parenchyme cérébral peut provoquer des syndromes convulsifs. Elle n’affecte toutefois que des espèces particulièrement sensibles (les dindes) dans un contexte d’immunosuppression (à la faveur d’une injection de corticoïde par exemple). L’autre voie d’action est la production d’aflatoxine soit par un organisme fongique en développement dans l’organisme ou par des moisissures dans les graines. Les aflatoxines provoquent une nécrose hépatique aiguë conduisant rapidement à des signes d’encéphalose hépatique (voir encéphalose hépatique). Aspergillus fumigatus, flavus et Candida albicans sont les organismes les plus fréquemment incriminés.

 

Trouble vasculaire

Les risques de lésions vasculaires non traumatiques sont élevés chez le perroquet âgé. Ces lésions sont le plus souvent associées à des lésions d’athérosclérose. L’athérosclérose est un processus de remaniement de la paroi des vaisseaux sanguins par des plaques de cholestérol qui les fragilisent et les prédisposent à la rupture.  Ces lésions peuvent être de type hémorragique (lésion d’un anévrisme,…), ou obstructif (embolie). Chez la femelle, il est rapporté des cas d’embolie vasculaire par le jaune d’œuf. Les femelles en ponte transportent les précurseurs du jaune d’œuf dans le flux sanguin (vitellogenine). Ces protéines peuvent précipiter dans les vaisseaux et provoquer des symptômes convulsifs voire des morts subites.

 

Traumatisme

Les traumatismes crâniens sont fréquents chez les petits mammifères domestiques. Ils sont également très fréquents chez les oiseaux, à la faveur d’une collision contre une vitre. Des lésions du parenchyme cérébral (commotions, contusions, …) et/ou vasculaires (hémorragies, hématomes) peuvent apparaître.

 

Insuffisance hépatique

Une des fonctions du foie est la production d’acide urique (produit final issu de la dégradation des protéines et acides aminés chez les oiseaux et reptiles). Lors de dysfonctionnement hépatique grave, ces déchets toxiques ne sont plus transformés et leur concentration dans le sang augmente. L’insuffisance hépatique et l’encéphalose surviennent lors d’affections provoquant une dégénérescence ou une destruction d’une part importante du tissu hépatique (hépatites, cirrhose, processus tumoral). Les maladies hépatiques sont très prévalentes chez les oiseaux de compagnie. La stéatose hépatique ou syndrome « foie gras » prédispose à la lipidose hépatique et à un dysfonctionnement du foie. Il faut considérer que tous les psittacidés nourris en captivité uniquement avec des graines souffrent de cette pathologie. Les perroquets du genre Amazona sont particulièrement prédisposés. Chez les oiseaux à régime essentiellement frugivore (mainate, loris), on observe des maladies de foie par surcharge (hémochromatose) par accumulation de fer dans le foie. Enfin les tumeurs hépatiques peuvent être associées à la présence d’une herpès virose connue pour être oncogène chez les perroquets.

 

Tumeurs

Il peut s’agir de tumeurs du tissu cérébral ou non (du crâne, extension de tumeurs des cavités nasales,…). On retrouve fréquemment des tumeurs pituitaires chez certaines espèces, et plus particulièrement  chez les perruches ondulées. Leur présentation peut être variée, avec parfois des signes de cécité ou des convulsions franches par effet de compression. D’autres tumeurs telles que des tératomes ont été décrites, mais restent rares dans ce taxon.

 

Hydrocéphalie

L’hydrocéphalie congénitale est une accumulation anormale de liquide céphalorachidien (LCR) dans les cavités des ventricules cérébraux ou entre les méninges (enveloppes de l’encéphale), souvent associée à une anomalie du développement du cerveau (hypoplasie). Elle peut également être secondaire à une altération de la circulation du LCR, suite à une obstruction (tumeur, inflammation). Elle est décrite chez les oiseaux et notamment les amazones.

 

Cet article a été rédigé par le DR Minh Huynh, spécialiste en médecine des Nacs pour le site www.mon-animal-epileptique.com, le site de référence pour les propriétaire d’un animal épileptique.