L’aquarium est naturellement infesté par des milliards de bactéries qui participent à l’équilibre écologique. Elles vivent normalement de manière saprophyte avec les poissons, c’est-à-dire qu’elles vivent en se nourrissant des matières organiques de l’eau et de la vase et n’infectent les poissons que de façon exceptionnelle.
Attention ! Si vos poissons souffrent fréquemment de maladies bactériennes, cela doit vous amener à réfléchir sur les conditions de vie dans l’aquarium : le moindre déséquilibre peut favoriser ces infections (température, pH, dureté, nitrites…). Les infections bactériennes se développent également à la suite d’une baisse des défenses immunitaires des poissons lors de blessures, si le taux de nitrites est trop élevé (filtration inefficace), si l’alimentation est mal adaptée…
La « pourriture des nageoires »
C’est très souvent un des premiers signes d’une infection bactérienne dans l’aquarium : c’est la sonnette d’alarme qui signale un dérèglement de l’équilibre écologique du bassin. Ces infections sont dues à des bactéries du genre Pseudomonas, Aeromonas ou Vibrio. La maladie débute par l’apparition d’une ligne blanchâtre sur les nageoires, puis celles-ci se creusent et les rayons se cassent. La nageoire est comme rongée, effilochée. L’infection peut atteindre la base des nageoires puis les muscles et le sang à un stade avancé. Les chances de survie sont alors faibles.
Il faut tout d’abord chercher la cause de l’apparition de la maladie (stress, mauvaise hygiène, dérèglement d’un des paramètres de l’aquarium…) et la corriger si possible. Les poissons très atteints doivent être séparés et traités à part, dans un bac de quarantaine. L’ajout d’antiseptiques dans les bassins permet de réguler la prolifération de ces germes et de traiter les animaux malades.
La prévention de cette maladie repose essentiellement sur les conditions d’hygiène du bassin. Il faut savoir que de nombreux poissons, à l’achat, présentent un début d’infection.
La furonculose
C’est une infection bactérienne de la peau des poissons. Elle est principalement due à des bactéries des genres Pseudomonas et Aeromoas.
Elle se déclare chez des animaux blessés ou élevés dans de mauvaises conditions. On remarque des rougeurs de la peau (en particulier à la base des nageoires et dans les muscles). L’infection est souvent accompagnée de pourriture des nageoires, d’exophtalmie (œil sorti de l’orbite) ou parfois d’atteinte des organes internes comme le foie (souvent fatale). Elle peut également se manifester par des ulcères (trous dans la peau) qui apparaissent lorsque les furoncles (boutons de pus) éclatent. Ces ulcères sont parfois sur-infectés par des champignons, ce qui donne un aspect filamenteux blanchâtre à la lésion.
Le traitement consiste encore une fois à corriger les déséquilibres du milieu, à isoler et traiter les animaux malades.
Eventuellement, on traitera en prévention le bassin principal pour limiter le nombre de germes dans le bassin.
La myxobactériose
C’est une maladie bactérienne fréquente chez les poissons tropicaux d’eau douce. Elle est due à Flexibacter columnaris, une bactérie peu dangereuse chez les poissons vivant dans de bonnes conditions. C’est un mauvais environnement, en particulier une température trop élevée, qui favorise cette maladie.
Elle se manifeste par une surélévation blanchâtre au niveau des lèvres ou de la tête des poissons. L’infection peut ensuite s’étendre sur le corps, entraînant la mort des tissus. L’atteinte des organes internes est également possible. La maladie est très contagieuse car les poissons atteints éliminent beaucoup de bactéries. Il faut donc isoler au plus vite les animaux atteints et les traiter à l’aide d’antiseptiques. L’aquarium doit être vidangé et désinfecté afin d’éliminer le germe présent, et de rééquilibrer les paramètres écologiques.
En cas de récidive, il est important de contrôler régulièrement les différents paramètres de l’eau et de les rendre optimaux.
La température doit être la plus basse possible, tout en restant supportable pour les poissons présents dans l’aquarium, afin de limiter la multiplication de la bactérie.
Les mycobactérioses ou pseudo-tuberculoses
Ce sont les affections les plus graves touchant des poissons d’aquarium d’eau douce. Elle sont dues à des mycobactéries (comme la tuberculose de l’homme ou des bovins, mais les espèces sont différentes). On parle parfois de tuberculose chez les poissons, mais on préfère parler de pseudo-tuberculose car les bactéries responsables de la maladie chez les poissons sont peu dangereuses pour l’homme. De plus, elles ne causent pas des symptômes identiques et aussi graves que la tuberculose à proprement parler.
Ces bactéries sont omniprésentes dans le milieu naturel des poissons et quasiment tous les poissons capturés en portent. Comme pour la tuberculose humaine toutefois, ces maladies ne se déclarent généralement que chez les sujets affaiblis ou vivant dans de mauvaises conditions d’entretien. C’est une maladie d’évolution chronique (lente). Les bactéries sont « enkystées » chez les poissons en bonne santé et peuvent se « réveiller » à la suite d’un stress. Si ce stress disparaît, le poisson peut à nouveau paraître sain. Si le stress persiste, la forme aiguë se développe.
Les symptômes sont peu évocateurs : les poissons sont maigres, nagent mal, paraissent faibles…
Les formes aiguës se manifestent par des exophtalmies, des déformations de la colonne vertébrale, des nécroses de la peau (destruction des tissus)… Tous les organes peuvent être atteints par ces bactéries (il se forme alors des tâches jaunâtres sur ces organes).
Les mycobactéries sont très résistantes à de nombreux antibiotiques et antiseptiques. C’est pourquoi le traitement et la prévention consistent uniquement à améliorer les conditions de vie et à séparer et sacrifier les animaux gravement atteints ou ne guérissant pas.
Attention : même si les mycobactéries des poissons sont moins dangereuses pour l’homme et ne sont pas responsables de la tuberculose, elles peuvent infecter les aquariophiles (ce sont des zoonoses). L’infection survient généralement chez les gens manipulant beaucoup les eaux d’aquarium : des petites blessures sur les mains, les coudes ou les bras peuvent s’infecter. Il se développe alors des lésions ulcéreuses (creusées dans la peau) ou nodulaires (formant un petit nodule) à l’endroit de la plaie. L’infection n’est généralement pas très grave et la guérison est souvent spontanée mais longue. Il est toutefois toujours nécessaire de consulter un dermatologue afin de contrôler l’évolution et éventuellement de traiter.
Conclusion
Ces affections bactériennes sont les plus fréquentes mais il en existe d’autres. Leur prévention repose toujours sur des bonnes conditions de vie et une quarantaine des poissons nouvellement acquis. Le traitement est souvent facile car il suffit de corriger le déséquilibre responsable de l’apparition de la maladie. L’utilisation d’antiseptiques permet d’accélérer la guérison en limitant la prolifération des germes, en attendant que les paramètres se stabilisent.
L’utilisation abusive d’antibiotiques dans un aquarium doit être abolie. La flore de l’aquarium s’en trouve en effet perturbée et certains germes peuvent facilement devenir résistants (ou le sont déjà, comme les mycobactéries). C’est pourquoi les antibiotiques doivent être utilisés avec parcimonie, après un diagnostic précis de maladie bactérienne et éventuellement l’isolement de la bactérie en cause.