Ce que nos chiens peuvent nous apprendre sur la maladie d’Alzheimer

Ce que nos chiens peuvent nous apprendre sur la maladie d’Alzheimer…

Chacun connaît la maladie d’Alzheimer et les conséquences désastreuses de cette pathologie sur les malades et leur famille. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il existe des symptômes similaires chez certains chiens âgés et que nos petits compagnons pourraient ainsi constituer de bons sujets d’étude pour améliorer le bien-être des malades d’Alzheimer.

 

Des anomalies cérébrales à l’origine des symptômes d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est couramment associée à des troubles de la mémoire mais elle s’accompagne également de nombreux changements dans le comportement des personnes atteintes, leur faculté à communiquer, se concentrer ou émettre un jugement. Ces dysfonctionnements sont liés à l’accumulation dans le cerveau de plaques protéiques (appelées « plaques séniles») et de noeuds, des enchevêtrements de fibres. Ces anomalies structurelles interfèrent avec le fonctionnement cérébral et empêchent certaines connexions indispensables à l’apprentissage et à la mémoire.

Les études sur la maladie d’Alzheimer sont généralement menées sur des souris génétiquement modifiées afin qu’elles produisent des protéines humaines mutées. Or ces mutations protéiques sont retrouvées dans moins de 5% des cas d’Alzheimer et ces souris ne sont donc pas complètement représentatives des malades d’Alzheimer. Il est donc difficile de transposer les résultats d’études menées sur les souris aux malades d’Alzheimer.

Or, il existe des animaux comme le chien qui développent au niveau du cerveau des changements similaires à ceux observés chez les individus atteints d’Alzheimer : nos petits compagnons canins pourraient ainsi nous apporter de nombreuses réponses sur cette maladie.

 

Le chien âgé : un bon sujet d’étude sur le vieillissement

En effet, à l’instar de ce qui est observé chez l’homme, certaines fonctions d’apprentissage et de la mémoire sont altérées par le vieillissement chez le chien et tous les individus ne sont pas affectés par ces altérations.

Et comme chez l’homme atteint d’Alzheimer, on peut observer au niveau du cerveau du chien âgé la présence de plaques protéiques qui interfèrent avec le bon fonctionnement cérébral. Les chiens, contrairement aux souris, développent ces lésions du cerveau naturellement et sont en ce sens un modèle plus « naturel ».

Enfin, le chien âgé présente d’autres altérations cérébrales observées chez le patient Alzheimer, comme des modifications vasculaires, des changements cellulaires et chimiques qui peuvent modifier le fonctionnement cellulaire et contribuer aux troubles cognitifs.

Tous ces changements peuvent être modifiés par le mode de vie et, en ce sens, des études menées sur le chien âgé peuvent nous apporter de nouvelles pistes pour la prise en charge du patient Alzheimer.

 

Une bonne hygiène de vie pour bien vieillir

Il est maintenant bien connu que l’alimentation et l’activité physique sont des éléments indissociables d’une bonne santé et que ces facteurs peuvent diminuer le risque de maladie d’Alzheimer et de troubles cérébro-vasculaires. Mais maintenir une bonne activité cérébrale et entretenir des relations sociales riches contribueraient également à améliorer la mémoire et diminuer le risque de pathologies cérébrales comme la maladie d’Alzheimer.

En ce sens, les chiens constitueraient un excellent support d’étude : l’observation par les propriétaires de changement de comportement chez le chien vieillissant a amené les chercheurs à étudier et mesurer ces altérations chez le Beagle.

Des exercices simples ont ainsi été développés pour évaluer les capacités cérébrales des chiens âgés.

  • La première étape consiste à enseigner au chien à retrouver une récompense cachée derrière un objet. La friandise est ensuite déplacée et, si les jeunes chiens apprennent rapidement à retrouver la récompense, les chiens âgés font plus d’erreurs avant de s’adapter à cette nouvelle situation. Tous les chiens ne sont néanmoins pas concernés par ces modifications et certains chiens sauront s’adapter malgré leur âge avancé.

Il en est de même chez l’homme puisque certaines personnes très âgées conservent leurs capacités cognitives.

  • La deuxième étape consiste à étudier les modifications cérébrales associées à ces troubles cognitifs du chien : la présence de « plaques séniles » est ainsi plus fréquemment observée chez les chiens âgés présentant des troubles de mémoire et d’apprentissage.
  • A la lumière de ces éléments, la dernière étape consistait donc à identifier des moyens permettant d’améliorer la santé cérébrale des vieux chiens et, si possible, de transposer ces techniques à l’homme.

Ainsi, diverses études ont permis de mettre en évidence le bénéfice d’un régime riche en antioxydants (notamment vitamine E et C), fruits et légumes sur les fonctions cognitives de Beagles âgés. De la même manière, un exercice physique régulier, le maintien d’interactions sociales et la pratique de « jeux cérébraux » (comme les jeux avec une récompense alimentaire) ont permis d’améliorer la santé cérébrale de ces vieux chiens.

 

Ainsi, il serait donc intéressant de transposer tous ces éléments à la prise en charge des personnes âgées afin d’établir de nouvelles stratégies maintenir leur santé ainsi que celle des chiens senior.

Il conviendrait donc d’envisager d’importants changements de mode de vie : l’association d’une pratique régulière d’exercices physiques et cérébraux, du maintien d’interactions sociales et d’une alimentation saine pourrait ainsi être bénéfique pour les deux espèces.

Encore un bel exemple de la relation enrichissante que nous entretenons avec nos compagnons canins !